FANNY MOIZANT, POUR UN AVENIR DURABLE, FASHION ET ENTHOUSIASMANT
Rencontre et confidences avec la talentueuse Fanny Moizant, cofondatrice de Vestiaire Collective, site de vente de luxe de seconde main internationalement reconnu.
Fanny Moizant, où l’art de l’entrepreneuriat
Fanny Moizant, Présidente et cofondatrice de Vestiaire Collective, dirige l’entreprise à Paris aux côtés de Max Bittner, son PDG. Double diplômée de NEOMA Business School et de l’IFM (Institut Français de la Mode), elle figure parmi les 40 femmes Forbes en 2021. En 2009, elle co-crée, avec Sophie Hersan, Vestiaire Collective avec pour objectif de réduire le gaspillage en permettant à chacun de prolonger la durée de vie de sa garde-robe. Après avoir propulsé l’entreprise au rang de premier site de revente de mode en Europe, Fanny déménage de Paris à Londres, puis à Hong Kong en 2017, pour mener de front le développement de l’entreprise en Asie-Pacifique. Depuis 2019, l’entreprise est devenue B Corp, 11ème Licorne française et Next 40 de La French Tech. En décembre 2023, Fanny a été décorée de l’Ordre national du Mérite.
Tu as fondé Vestiaire Collective en 2009 après avoir étudié à l’IFM. En 2008, la mode de seconde main n’en est qu’à ses débuts. Comment as-tu décidé de te lancer ? As-tu toujours eu cette fibre entrepreneuriale ?
J’ai intégré l’IFM alors que j’étais enceinte de ma deuxième fille, et j’avais envie de reprendre une activité, mais je ne trouvais aucun poste qui me passionnait. Au bout de quelques mois, j’ai donc pris la décision de créer mon propre projet, et de renouer avec mon héritage entrepreneurial familial : depuis quatre ou cinq générations.
Mon intérêt pour la seconde main est parti d’une frustration. L’industrie de la mode subissait une accélération considérable sous l’influence de la fast fashion. En parallèle, je me souviens d’un article de ELLE qui évoquait le tout début des blogueuses mode et leur habitude de revendre les pièces qu’elles ne portaient plus directement sur leurs blogs. Mais le processus était un véritable casse-tête : il fallait envoyer un chèque, attendre la réception... Rien n’était fluide.
J’ai alors perçu une opportunité : il était possible de repenser la seconde main différemment, avec plus d’inspiration et de confiance. Face à ce vide sur le marché, j’ai décidé de me lancer. En octobre 2009, avec mes cofondateurs, nous avons donné naissance à Vestiaire Collective.
Quel enseignement majeur as-tu tiré de ton expérience avec Vestiaire Collective ?
S’il y en a une que je retiens particulièrement, c’est que nous sommes tous capables de réaliser de grandes choses, à condition de croire en nos rêves, en nos convictions et en notre intuition. Je n’aurais jamais imaginé, au moment de me lancer, que ce projet prendrait une telle ampleur. Je n’aurais jamais signé, à l’époque, pour une aventure d’une telle envergure, qui m’a menée aux quatre coins du monde et m’a permis de recruter des milliers de personnes au fil des ans.
Pourtant, quand on est passionné.e par son sujet et animé.e par une mission, on évolue en même temps que son projet. C’est cette dynamique qui me porte chaque jour : grandir avec l’entreprise, apprendre, et continuer à avancer. Et c’est ce qui rend cette aventure si passionnante.
Nos sociétés actuelles sont associées à la performance et à la rentabilité maximale du temps, impliquant des modes de consommation parfois excessifs. Penses-tu qu’un modèle alternatif, plus lent, valorisant le temps de création des objets et recentrant le vivant au cœur de tout soit possible ? Comment y parvenir selon toi ?
Oui, oui et oui ! Peut-être que ralentir n’est pas toujours possible, mais c’est absolument nécessaire. Il faut redonner de la valeur à la qualité, aux beaux produits, au savoir-faire, car nous avons perdu l’habitude de faire des efforts, que ce soit pour se nourrir, s’habiller ou consommer en général. Par facilité, on privilégie ce qui est rapide, accessible et de plus en plus bon marché, au détriment de la planète.
On justifie cette tendance par un manque de temps, dans une société où tout est dicté par l’urgence. Pourtant, si nous faisions l’effort – et moi la première – de moins scroller, de perdre moins de temps sur les réseaux, nous en aurions bien plus pour aller au marché, cuisiner, choisir des vêtements de qualité et consommer avec conscience plutôt que dans la précipitation.
Vestiaire Collective, Daimant Collective… Nous avons en commun la notion de collectif. Quel est son rôle dans la transition vers un futur plus désirable ?
Le collectif, pour nous, représente avant tout la communauté, et je pense que c’est aussi le cas pour Daimant. Aujourd'hui, dans notre société, le collectif prend une place primordiale. Le changement de mentalité se produit souvent plus facilement dans un groupe, car la force du collectif permet de surmonter les obstacles. Notre objectif est de rassembler des personnes partageant les mêmes valeurs, de les encourager à les défendre et à les faire entendre. C’est ainsi qu’une communauté de passionnés de mode, consciencieux et engagés, peut se former. Chacun d’entre eux devient un ambassadeur, en évangélisant autour de soi pour faire croître cette communauté. Et petit à petit, un membre après l’autre, nous pouvons espérer transformer l’industrie, pour un avenir à la fois plus durable et plus enthousiasmant.
Penses-tu que le modèle des grands groupes internationaux de la mode et du luxe soit soutenable ? Quelle est la place de la seconde main face à ces acteurs ?
C'est une question très vaste. Chez Vestiaire Collective, nous nous opposons aux groupes de fast fashion, car nous estimons que la mode ne devrait pas être jetable. À long terme, je suis convaincue que toutes les maisons et marques proposeront elles-mêmes de la seconde main. Cette évolution contribuera à élargir et démocratiser enfin le marché de la seconde main. Progressivement, je suis convaincue que cela deviendra la norme.
Notre rôle chez Vestiaire Collective est d’accompagner ce changement en tant que facilitateur. Nous collaborons déjà avec plus de douze partenaires, dont Gucci, Chloé, Burberry et MyTheresa, pour les aider à intégrer la circularité et offrir à leurs clients un service adapté à cette nouvelle approche de la mode.
Comment trouver le meilleur équilibre entre objectifs commerciaux et durabilité ? Dans cette perspective, comment vois-tu le futur de Vestiaire Collective ?
Chez Vestiaire Collective, nous avons trouvé le modèle économique parfait qui allie performance et durabilité. Dès le départ, nous avons souhaité obtenir la certification B Corp, et aujourd’hui, nous avons un impact carbone net positif. En d’autres termes, plus nous faisons de business, plus nous contribuons positivement à la planète. Ce modèle est donc intrinsèquement vertueux, ce qui rend notre mission particulièrement gratifiante. Cela tient à la manière dont nous opérons : nous ne poussons pas à la surconsommation ; au contraire, nous encourageons nos clients à réduire leur consommation de produits neufs. Notre but est de lutter contre la surconsommation, qui est l’un des principaux problèmes de l’industrie.
Quant à l’avenir de Vestiaire, il est axé sur une forte croissance. Les États-Unis sont actuellement notre plus grand marché, et notre objectif est de renforcer notre présence sur ce territoire. Parallèlement, nous souhaitons aider davantage de partenaires à s’engager dans la circularité, afin que cette façon de consommer devienne la norme. Aujourd’hui encore, elle reste un peu trop marginale.
Et si…
…tu devais imaginer une collaboration entre un chef et une marque de mode, à quoi ressemblerait-elle ?
La première image qui me vient en tête, c'est l'évolution des uniformes des hôtesses et stewards d'Air France. Je ne me souviens plus exactement quel designer est derrière, mais la compagnie a mené un vrai travail de relooking à travers ces tenues, repensant ainsi toute son image. J’adorerais transposer cette idée à la restauration : imaginer un restaurant où le personnel serait habillé par… allez, soyons fous… Phoebe Philo ou un autre designer pointu. Ce serait une expérience esthétique à part entière, offrant autant de plaisir aux yeux qu'à l’assiette.
LE QUESTIONNAIRE MEATLESS MONDAY DE FANNY
Ton légume préféré ? Tous, impossible de choisir!
Si tu ne pouvais manger plus qu’un plat pour le restant de tes jours, lequel choisirais-tu ? Ma tarte aux poireaux home made, ma comfort food préferée
Le petit geste pour une vie un peu plus green que l’on peut adopter dès demain ? Cuisiner pour éviter l'alimentation industrielle
Un petit conseil conso pour kiffer plus responsable ? Le second hand! C'est 90% d'impact environnemental économisé et c'est beaucoup plus fun que d'acheter du neuf
Si tu étais un animal ? Un écureuil juste pour le kiff de vivre dans un arbre
Un paysage ? Les rives de l'étang de Thau, mon sud natal
Une activité ? Du yoga iyengar, le plus souvent possible
Quelle est ta définition du bonheur ? Le bonheur c'est un bon repas avec les gens qu'on aime
Ta mission sur terre ? Changer les choses, un vêtement après l'autre ;-)
Ton mantra ? Less is more
À toi de terminer cette phrase : l’amour, c’est…
"L'amour c'est quand la différence ne sépare plus" Jacques de Bourbon Busset
FAUBOURG DAIMANT
Maison des Plaisirs
20, rue du Faubourg Poissonnière
75010 Paris
Réservations
ou via Whatsapp +33 (0)7 88 09 73 48
DAIMANT SAINT-HONORÉ
Opening Very Soon (Spring 25)
24-26, place du Marché Saint-Honoré
75001 Paris
PLAN D
Dwich Shop
22, rue des Vinaigriers
75010 Paris
A♡T